Succès du Saint-Gothard (1910 – 1920).
Les premiers temps : travail d’expérimentation, débuts difficiles et le succès du Saint-Gothard (1910 – 1920).
En 1910, les premières inventions de Kaspar Winckler sont un additif hydrofuge pour mortier (“Sika”), ainsi que des agents de protection et de nettoyage du granit (« Conservado », « Purigo »).
En 1911, il inscrit son entreprise, Kaspar Winkler & Co, au registre du commerce. Associé à un chimiste, il tente de commercialiser ses produits. Les premières années se révèlent extrêmement difficiles, et l’entreprise est en déficit, en particulier pendant la première guerre mondiale. La situation ne s’arrange pas avant 1917, et l’entreprise ne connaîtra le succès qu’en 1918 lorsque la société des chemins de fer suisses testera un produit Sika pour réaliser l’étanchéité des tunnels du Saint-Gothard
Les produits de la société Kaspar Winkler & Co avaient sans aucun doute un potentiel au-delà de la Suisse, mais dépasser la simple exportation était une entreprise difficile. Une première tentative, consistant à vendre des licences au niveau mondial, échoue. La seconde réussit : en 1921, une filiale avec sa propre unité de production est créée dans le sud de l’Allemagne.
Mais les moyens sont encore insuffisants pour mettre en place une expansion volontariste. Un Directeur des opérations à l’étranger est embauché. Il crée entre 1926 et 1928 des filiales en Angleterre, en Italie et en France et prend part à leurs opérations.
En 1928, le gendre de Kaspar Winkler, Fritz Schenker, rejoint le comité exécutif de l’entreprise. Il démontre à son beau-père que les accords passés avec le Directeur des opérations à l’étranger ne sont pas très avantageux. Par ailleurs, ils sont construits de telle manière qu’ils rendent toute séparation impossible. Le litige entre les deux parties dure trois ans, au terme desquelles le Directeur des opérations à l’étranger obtient la propriété des filiales allemandes et italiennes, ainsi que des droits sur la marque dans plusieurs autres pays européens.
Le marché européen est désormais partagé mais Fritz Schenker demeure résolu à poursuivre l’expansion mondiale.Dans les années 30, Sika est présent en Europe, en Amérique du Nord et du Sud et en Asie (Japon).
Durant la seconde guerre mondiale, les filiales Sika continuent à produire dans tous les pays où elles sont présentes. Elles sont ainsi à l’origine d’adjuvants pour la construction de bunkers en Suisse et dans les zones d’occupation allemande mais aussi des navires en béton, utilisés par les alliés pour le transport du matériel de guerre et qui participent au débarquement de Normandie.
Durant le boom économique des années 50 et 60, de nouvelles filiales sont créées, de la Suède à Cuba. Un second changement de génération s’annonce en Suisse avec l’entrée de Romuald Burkard dans l’entreprise. Entre son arrivée en 1953 et le décès de son beau-père Fritz Schenker en 1971, Romuald Burkard prend progressivement la direction des différentes entreprises qui s’organisent en Groupe dès 1968, avec Sika Finanz AG.
Cependant, lors de la surchauffe de l’économie à la fin des années 60, Sika doit faire face à une crise sérieuse : la nouvelle usine de Düdingen connaît de grosses difficultés lors de sa mise en service et dépasse les budgets prévus ; les coûts d’exploitation de plusieurs entreprises de construction ne sont pas optimisés ; en Allemagne et en Scandinavie des réclamations obscurcissent l’horizon.
La situation est menaçante : Sika évite de justesse l’insolvabilité.
Sika repousse les limites de la chimie dans la construction (1970 – 1980)
En rationalisant les structures de direction et en regroupant toutes les filiales sous le management unique de Sika Finanz AG, il est possible d’éviter la vente de parts à une grande entreprise de la chimie ou de la construction. La famille Burkard-Schenker conserve alors –et aujourd’hui encore- la majorité des parts de l’entreprise.
La direction opérationnelle est transférée à des managers qui n’appartiennent plus à la famille. La décennie 70 n’est pas une période heureuse. Au prix d’énormes efforts, Sika triomphe à la fois de ses problèmes internes et des difficultés résultant d’une récession sévère de 1973 à 1976. Mais les années de crise renforcent l’ « esprit Sika ».
Cet élément fédérateur, qui existe encore aujourd’hui, s’est forgé durant cette période. Il symbolise la solidarité et l’optimisme des collaborateurs vis-à-vis du futur de l’entreprise. A titre d’exemple, les employés de Sika Suisse avaient même accepté de réduire leurs salaires pendant la crise, et jusqu’à ce que l’entreprise se remette dans la seconde moitié de la décennie. Un produit inventé en 1968 mais qui ne représente jusqu’ici qu’une part modeste du chiffre d’affaires devient un best-seller : le Sikaflex, colle-mastic polyuréthanne monocomposant.
Gestion de la crise et stagnation (1980 – 1990)
Avec sa colle-mastic polyvalente Sikaflex, Sika s’ouvre à un nouveau domaine d’activité dans les années 80 : la construction automobile. Ce faisant, Sika se détache d’une mono activité dans la chimie de la construction. La diversification comme l’expansion mondiale ont pour objectif d’accroître la résistance de l’entreprise aux cycles économiques. Avec l’acquisition en 1982 de Lechler Chemie à Stuttgart, l’effectif de Sika passe de 3000 à 4000 employés.
Les bases sont posées pour développer conjointement le marché allemand. Toutefois cette intégration risquée nécessitera plusieurs années avant que l’entreprise ne reprenne le chemin de la croissance. Dans la seconde moitié de la décennie, la plupart des pays industrialisés connaissent un boom économique. Sika en profitera également et atteindra le seuil du milliard de francs suisses de chiffre d’affaires en 1989.
Cette décennie est celle durant laquelle Sika crée le plus grand nombre de filiales dans de nouveaux pays. Entre 1990 et 1995 seulement, 16 nouvelles filiales ont été créées. Le chiffre d'affaires est passé de 2 milliards de francs à plus de 4,6 milliards de francs, dont une part importante a été apportée par les 36 sociétés acquises entre 2000 et 2008. Pendant cette même période, les effectifs sont passés de 8 000 à 13 000.000.
Du sous-sol au toit
En 2000, Sika énonce ses cinq compétences clés : étanchéité, collage, insonorisation, renforcement, protection. Des fondations à la toiture, Sika se fixe comme objectif d’être le leader dans chacune de ces technologies.